Accueil>Une bourse d’urgence peut changer deux destins : Interview de Pierre Aussure, Daryna Patiuk et Maryna Dyndo
20.11.2024
Une bourse d’urgence peut changer deux destins : Interview de Pierre Aussure, Daryna Patiuk et Maryna Dyndo
A l’occasion d’une rencontre à la Maison des Sciences Po, Pierre Aussure, grand donateur et alumnus de Sciences Po a retrouvé Daryna Patiuk et Maryna Dyndo, deux diplômées de nationalité ukrainienne ayant bénéficié de son soutien.
Cet entretien revient sur le parcours qui lie Pierre, Maryna et Daryna, depuis leur rencontre lors d’un échange universitaire alors que la guerre venait de surgir en Ukraine, jusqu’à l’obtention de leur master en 2024.
PIERRE, pourriez-vous nous parler de votre rencontre avec Maryna Dyndo et Daryna Patiuk ?
J’ai rencontré pour la première fois Daryna et Maryna lors d’un dîner organisé chez moi en février 2022. J’avais proposé à Sciences Po que l’ensemble des étudiants ukrainiens présents dans le cadre de la Summer School prennent part à un dîner chez moi à l’issue du programme. Pendant ce dîner, j’ai remarqué les profils de Maryna et Daryna et j'ai approfondi la conversation avec elles. J’ai trouvé qu’elles avaient les qualités pour intégrer Sciences Po dans le cadre d’un parcours diplômant, au-delà de la Summer School.
J’ai été enseignant à Sciences Po, j’ai fait passer des oraux d’admission et suis chasseur de têtes, donc je me suis dit que je pouvais m'exprimer valablement sur Maryna et Daryna!
Vous êtes un professionnel du recrutement et de l’identification de talents, qu’est ce qui vous a convaincu de soutenir Maryna et Daryna à travers une bourse d’urgence ?
Les échanges que j’ai eus avec Maryna et Daryna m’ont permis de déceler chez elles une grande confiance dans l’avenir, de la résilience et de l’audace, une maturité étonnante pour leur âge, une forte volonté de développer des projets et à poursuivre des études de haut niveau. Tant de qualités qui m'ont incité à les pousser à intégrer Sciences Po.
Qu’est ce que cette relation vous apporte encore aujourd’hui en tant que grand donateur de Sciences Po ?
D’un point de vue personnel, cela m’apporte beaucoup de satisfaction qu'elles aient été diplômées deux ans après notre rencontre et que leur parcours ait été un succès. Aujourd'hui elles sont devenues des amies de la famille. Nos enfants s’entendent bien avec Maryna et Daryna. Nous partageons des dîners régulièrement et notre appartement contient maintenant de nombreux souvenirs de leur pays qu'elles ont eu la gentillesse de nous ramener.
Une amitié est née en même temps que nous voyons, avec mon épouse, l’utilité de l’effort financier que l’on a fait pour elles.
Maryna, quel a été l’impact du soutien de Pierre Aussure sur votre scolarité à Sciences Po ?
C’est grâce à Pierre Aussure que j’ai pû intégrer Sciences Po en master. J’avais compris dès le début de la Summer School que je souhaitais rester en France et dans cette école. Il n’était pas possible pour ma famille de m’aider à financer mes études et j’ai donc su que je devais chercher les fonds nécessaires par le biais de bourses. J’espérais que la vie me donne une chance.
Lors de ce dîner avec Pierre Aussure et sa femme, j’ai découvert des personnes d’une grande gentillesse qui essayaient de me comprendre et qui étaient très humaines. Cela m’a confirmé que la vie était faite de beaucoup d’épreuves, qu’il fallait faire des choix mais que si l’on restait une bonne personne de belles choses pouvaient nous arriver.
Je suis très reconnaissante envers Pierre et sa femme Anna.
Au-delà de l'exonération de vos frais de scolarité, que vous a permis ce soutien ?
J’ai passé deux ans à parler uniquement français et j’ai énormément progressé grâce à cette immersion totale. Je travaille maintenant exclusivement en français et c’est une richesse. Sciences Po m’a notamment apporté un réseau et des connexions, et m’a donné l’opportunité de rejoindre le programme Women and Dior. Mon projet autour de la santé des femmes réfugiées en France s’est retrouvé dans le top 20 et a séduit car il permettait de travailler à lever les barrières auxquelles font face les femmes réfugiées pour accéder au système médical français.
Avec Daryna, nous avons également organisé des événements culturels et une exposition photo sur l’Ukraine afin de montrer la réalité de la vie dans le pays. Nous avons obtenu le soutien de Sciences Po pour son organisation.
Suite à l’alternance que j’ai effectuée pendant mes études, j’ai décroché un CDI chez L’Oréal.
J’ai aussi trouvé de vrais amis ici. Issus de pays différents, ils ont accepté ma culture et sont un réel soutien pour moi aujourd’hui.
Daryna, vous travaillez aujourd’hui dans un Think Tank reconnu, en quoi M. Aussure vous a-t-il accompagné dans la construction de votre projet professionnel ?
Je travaille aujourd’hui dans le domaine des relations internationales et de la gestion des conflits.
Pierre Aussure m’a apporté l’assurance d’avoir un futur, d’avoir le droit d’avoir des projets, ce que nous avions mis de côté en fuyant la guerre. Il nous a donné le courage de travailler dur et nous a offert un espace de sécurité afin d’accéder à la vie dont nous rêvions.
Pierre et Anna nous ont montré que malgré la situation qui régnait dans notre pays d’origine, nous n’étions pas seules, des personnes pouvaient nous tendre la main.
Comment décririez-vous le lien qui vous lie tous les trois aujourd’hui, maintenant que vous êtes diplômées et en poste ?
Pierre a créé l’espace de sécurité qui nous manquait.
Je ne me sens plus seule, j’ai une deuxième famille en France désormais.
Pierre et Anna nous ont redonné la possibilité de rêver, ce que nous avions perdu en fuyant la guerre.
Avez-vous un message à nos donateurs et anciens élèves qui aimeraient s’engager davantage pour les étudiants de Sciences Po ?
Pierre Aussure : Je pense qu’il faut donner! Les anciens élèves devraient soutenir les institutions dans lesquelles ils se sont formés et en tout premier Sciences Po qui est un marqueur fort.